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Violence obstétricale : Ruth Dormeus et Floria Gédéon proposent des solutions

La violence obstétricale, un phénomène qui est encore trop souvent ignoré, touche un nombre important de femmes dans le monde, notamment en Haïti où elle est particulièrement fréquente. Bien que les patientes témoignent de leur souffrance physique et psychologique au moment de l’accouchement, les professionnels de la santé et les experts partagent leurs critiques sur les racines de ces abus et les solutions pour un changement durable.


Monique Duvil (Nom d’emprunt), 31 ans, se souvient avec douleur de son accouchement en 2016. Il décrit les contacts vaginaux répétitifs et non consensuels établis par différents membres du personnel médical, y compris les stagiaires. « Je me suis sentie violée », confie-t-elle, toujours marquée par cette expérience. Physiquement, elle a souffert d’une inflammation vaginale, malgré une césarienne. Sur le plan émotionnel, le test a laissé de profondes séquelles : « Je suis traumatisée juste à l’idée de consulter un gynécologue », admet-elle.

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Image illustrant Monique Duvil (nom d’emprunt) dans l’anonymat

La violence obstétricale se manifeste sous différentes formes, allant des examens invasifs sans consentement aux remarques dégradantes. Floria Gédéon, une infirmière, décrit les insultes parfois lancées aux patientes dans la salle d’accouchement : « Les professionnels de la santé blâment souvent les femmes pour leur douleur, leur rappelant que la souffrance est le résultat de leurs choix ». Ces mots, comme des gestes soudains et inutiles, contribuent à ce que les patients ressentent comme de la violence, exacerbant leurs souffrances.


Ruth Dormeus, une psychologue, souligne que cette violence a des répercussions psychologiques durables. « Le syndrome de stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété sont fréquents chez les patientes qui ont subi des violences obstétricales », explique-t-elle. Le traumatisme est souvent renforcé par la dynamique de puissance en place dans les établissements de santé, où la patiente se sent impuissante face à des professionnels qui minimisent souvent sa douleur ou ses besoins. Dormeus note également que les femmes victimes de cette violence peuvent souffrir de flashbacks, d’insomnie et d’une profonde méfiance à l’égard du système médical.

Ces traumatismes affectent également la perception de la maternité par les femmes et la relation avec les professionnels de la santé. « Je déteste les hôpitaux maintenant », dit une patiente qui a préféré rester anonyme, « et je pense beaucoup avant de me lancer dans une nouvelle grossesse. » Le manque de consentement et de communication, ainsi que le manque de soutien de leurs proches, renforcent le sentiment de solitude de ces femmes.

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Ruth DORMÉUS
Psychologue clinicienne, spécialisée dans les troubles post-traumatiques et Travailleuse sociale / Centre de soutien à la réadaptation et au développement (CARD)


Les experts s’accordent sur l’importance de soutenir les proches. Selon Ruth Dormeus, « écouter, sans jugement, et encourager à consulter un psychologue ou à déposer une plainte sont des gestes essentiels pour aider une femme à surmonter cette violence ». Les proches jouent un rôle clé pour restaurer la confiance de la victime et l’aider à reconstruire son estime de soi après une telle épreuve.

Cependant, la principale responsabilité incombe au système de santé. Selon Floria Gédéon, l’une des solutions réside dans la formation des jeunes professionnels, en particulier dans le respect du consentement des patients et de la gestion des urgences médicales sans négliger l’humanité des soins. « Les stagiaires ne devraient pas avoir accès aux patients sans la supervision stricte d’un médecin principal », recommande Monique Duvil, qui insiste sur la nécessité d’une surveillance plus rigoureuse pour éviter de futurs abus.

Pour Ruth Dormeus, il est crucial de sensibiliser les futures mères à leurs droits dans la salle d’accouchement. Une meilleure préparation émotionnelle et physique pourrait aider les femmes à mieux comprendre les interventions nécessaires, telles que les épisiotomies, et à donner un consentement éclairé. Dormeus préconise également que les professionnels de la santé soient plus attentifs à la dimension traumatisante des soins. « Les femmes qui se sentent soutenues et respectées seront moins susceptibles de vivre leur accouchement comme une expérience traumatisante », se souvient-elle.

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Floria GÉDÉON,
Infirmière, Nouvelliste, designer et Language Interpreter

Révélant un profond malaise dans la relation entre les patients et le personnel médical, la violence obstétricale est souvent amplifiée par des conditions de travail précaires dans les hôpitaux. Comme le souligne Floria Gédéon, « il est temps de respecter la dignité et la vie privée des femmes, conformément aux directives de l’OMS sur les soins de maternité respectueux », pour rappeler l’urgence de repenser la pratique obstétricale, en plaçant les droits des patientes au cœur des priorités du système de santé.

Ce travail est réalisé en collaboration avec le PACIT, grâce au financement de la Mission Inclusion (MI) et les Affaires Mondiales Canada (AMC).

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About Ansky Hilaire

Ansky Hilaire, écrivain haïtien contemporain, explore l'identité et la culture haïtienne à travers ses œuvres littéraires et poétiques. En 2020, il a remporté le prix de Palmes Magazine de l’écrivain de la région. Juriste, journaliste, enseignant et titulaire d'un certificat en Rédaction de propositions de Subventions (ACP) au programme Transcultura de l'UNESCO.

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