HPost5

Le concours « Pwezi Libète », une véritable révolution culturelle

Le concours de poésie organisé par Pwezi Libète en 2024 n’était pas qu’une simple compétition littéraire ; il s’agissait d’une véritable révolution culturelle. Sous le thème évocateur « Ayiti lank kè m detenn sou kò w » (Haïti, l’encre de mon cœur dessine/teint ton corps), l’événement a mis en lumière une génération de jeunes créateurs prêts à s’affranchir des stéréotypes et à réécrire le récit de leur pays en créole haïtien.


Ce qui rend ce concours si singulier, c’est la réappropriation par ces jeunes poètes d’une langue souvent négligée. À travers des textes soigneusement ciselés, imprégnés de métaphores et de jeux de mots, ils ont prouvé que le créole est bien plus qu’une langue vernaculaire. Il est le véhicule d’une littérature riche, d’une poésie capable de capter la complexité des émotions et des réalités haïtiennes.

082999e1-0aa5-4c44-8731-7fa59125a806-1-819x1024 Le concours « Pwezi Libète », une véritable révolution culturelle
Les finalistes du concours « Pwezi Libète »

Lancé le 18 mai 2024, jour du drapeau haïtien, le concours avait une résonance historique. À l’image de ce symbole national, la poésie créole devient un étendard de résistance et de fierté. Chaque texte soumis reflétait non seulement la beauté de la langue créole, mais aussi la résilience de cette jeunesse souvent marginalisée.

Derrière cette initiative se cache une ambition : briser les clichés associés à la jeunesse haïtienne, souvent vue sous l’angle de la violence ou du désespoir. Les organisateurs de Pwezi Libète ont démontré, avec une vision claire, que cette jeunesse est aussi porteuse d’un potentiel artistique immense. En offrant une scène aux jeunes poètes, ils ont contribué à redessiner le portrait d’Haïti : un pays où la créativité bouillonne malgré les défis.

Le concours a attiré des dizaines de participants, tous aspirant à faire entendre leurs voix. Mais seuls les plus talentueux ont franchi les étapes rigoureuses, jugés selon des critères exigeants fixés par l’Akademi Kreyòl Ayisyen (AKA). Parmi eux, des noms désormais gravés dans l’histoire poétique haïtienne : Styven Mangurart, lauréat du Prix K-Lib Mapou, Lorwens Désir et Anderson Iliodain. Mention spéciale pour Witerwan Kenley Jean, dont la créativité a subjugué le jury.

Ce jury, justement, était composé de personnalités influentes, mêlant figures littéraires et artistes. Fédeline Bigot, lauréate du Prix Amaranthe, et Donley Menard, poète et critique littéraire, ont évalué les œuvres avec rigueur. Aux côtés d’eux, le poète Witensky Lauvince, le rappeur Top Tchookko et le poète Wilkens Scott Fifi ont aussi apporté leur expertise, créant un mélange harmonieux entre tradition et modernité.

L’impact de ce concours dépasse largement la compétition elle-même. C’est une fenêtre ouverte sur l’avenir de la poésie haïtienne, un avenir où le créole devient non seulement une langue de résistance, mais une langue de création. La publication prochaine d’une anthologie intitulée « Ayiti lank kè m detenn sou kò w » rassemblera les meilleures œuvres du concours, donnant ainsi à ces poètes un tremplin vers une reconnaissance plus large.

En fin de compte, Pwezi Libète a offert à la jeunesse haïtienne bien plus qu’un concours de poésie. Ils leur ont donné une opportunité de prendre en main le récit de leur propre histoire, d’écrire en créole les pages de la littérature de demain.

Share this content:


En savoir plus sur HPost5

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur HPost5

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading