Ce que je ne dirais jamais aux étoiles
Le temps a passé, et dans ma petite horloge à pendule, des printemps se sont piégés dans des couleurs labyrinthiques et des promesses d’ivrogne. Quant à moi, je me retrouve coincé entre l’orange et le noir.
Chère Osa,
Il y a longtemps, j’ai partagé tant de secrets au poème, des secrets que je voulais te confier, si seulement tu pensais à revenir. Pas plus tard qu’hier, je voudrais planter dans le sens unique de cette ruelle qui passe entre tes seins le décor de mes anniversaires ratés, de mes nuits évanouies, de mes journées dégonflées et de mes poèmes aux rimes défoncées.
Je t’ai envoyé des lettres à l’ancienne, des messages sur WhatsApp et des courriels, te disant que ma tête était devenue méconnaissable. Toujours aucune réponse des étoiles, aucune nouvelle de toi. Le silence m’enterre, et chaque nuit, je scrute le ciel, espérant un signe, un message. En ce moment où le soleil punit les pèlerins, elle est comme une énigme, un lieu où je me perds sans cesse, cherchant le reste de ton sourire parmi les mémoires oubliées. Les rues de la ville, jadis emplies de ton odeur et de tes reflets, sont maintenant silencieuses.
Encore une fois, je me suis tourné vers le poème comme un confident, un espace où je pouvais déverser ce que je ne pourrais jamais dire aux étoiles. Ce poème, qui me connaît si bien, aurait pu prendre ma défense quand on m’a accusé d’avoir brûlé l’été. Pourtant, au lieu de se dresser pour moi, il s’est tu, laissant les flammes de ton absence me consumer.
La dernière fois, je voudrais déposer sur ta tombe utopique les éclats de mes rêves brisés, les fragments de mes espoirs éteints et les restes de mes illusions perdues comme la rue Oswald Durand.
Mes poèmes, autrefois remplis de vie et d’émotion, ont perdu leur goût. Les mots me semblent fades, les images ternes. Ils ne chantent plus comme avant, ne dansent plus pour les marins sur la plage. Ils sont une peinture parfaite de ce que je ressens : vide et perdu.
Malgré tout, je continue à me confier au poème, Osa, parce que c’est la seule façon dont je sais exprimer cette douleur. Les mots sont mes seuls alliés dans cette lutte contre ce trou de mémoire. Les étoiles, brillantes et distantes, ne pourraient jamais comprendre cette souffrance. Elles sont trop loin, trop étrangères à ce monde de douleur et de perte. Mais le poème, lui, peut comprendre. Il est né de la même douleur, du même désir de trouver un sens à cette absence.
Osa, je ne sais pas si cette lettre te parviendra un jour, si tu liras ces mots avec le même amour que tu avais autrefois pour mes poèmes. Mais je devais te parler, te dire ce que je ne peux dire à personne d’autre, toi qui étais ma seule confidente.
Je continuerai à me confier au poème, à lui dire ce que je ne dirais jamais aux étoiles. Peut-être qu’un jour, ces mots te parviendront. Peut-être qu’un jour, tu comprendras toute l’ampleur de ma douleur. En attendant, je continuerai à écrire, à chercher un moyen de pourchasser l’odeur de ta robe dans ma tête.
Avec toute ma douleur,
Ansky
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