Si jamais tu reviens
Il est des moments dans la vie où le besoin de se tourner vers le passé devient impératif, comme si replonger dans nos souvenirs pouvait apaiser les douleurs du présent.
Chère Osa, depuis ton départ, bien des années ont passé, et avec elles, tant de chenilles ont changé de front ici, dans notre petit coin de monde. Comme si la Saint-Jean revenait sur nos murs incrustés de taches de blessures. J’espère que cette lettre vous parviendra sur les ailes des papillons, et qu’elle vous permettra de comprendre un peu mieux ce que sont devenus les étés.
Depuis que tu es partie, la ville a changé au point de devenir méconnaissable. Les ruelles que nous parcourions autrefois, le jardin où nous jouions, Kay Agwonòm, et même la bibliothèque Marie Claire Heureuse où nous passions des heures à feuilleter des livres sont maintenant des lieux transformés, presque étrangers. Les rires d’antan ont fait place à un silence pesant, et chaque coin de rue semble habité par les ombres de nos pensées.
Je me sens comme un pèlerin fatigué dans une ville familière mais cruelle. Les jours passent et je me retrouve souvent à blâmer le soleil, perdant le contact avec l’odeur des saints. Des images de notre enfance reviennent parfois me hanter, comme les mirages d’un passé plus simple et plus pur. Mes pensées deviennent floues et je me retrouve souvent à errer dans la campagne dans un état de confusion, essayant de saisir des fragments de ce que nous étions, de ce qu’était la ville avec ton sourire.
La vie ne m’a pas épargné et les épreuves que j’ai traversées m’ont profondément marqué. Mes revers sont nombreux et je me sens parfois submergé par des vagues de peur et de chagrin. Il y a eu des moments de désespoir intense, où l’idée même de continuer semblait insupportable. Pourtant, c’est dans ces moments de tourment que me revient le souvenir de ton sourire, de ta beauté et de ton architecture anatomique.
Je me sens enchaîné auprès de ce vieux pont, celui où nous passions tant de temps à discuter et à rêver de l’avenir. Aujourd’hui, ce pont symbolise pour moi un lien entre hier et maintenant, un lieu où je pleure mes adieux à ce que nous avons perdu. C’est là que je me rends lorsque la douleur devient trop lourde à porter, espérant trouver un peu de réconfort dans les souvenirs.
Osa, en écrivant ces lignes, j’ai conscience de la tristesse qui s’en dégage. Mais il m’est essentiel de te dire la vérité, de partager avec toi le poids de ces années sans toi. Si jamais tu reviens, sache que tu ne trouveras ici que mon ombre. L’homme que j’étais, celui qui rêvait et riait avec toi, semble s’être éteint peu à peu, laissant place à une existence marquée par la solitude et la mélancolie.
Je t’embrasse avec toute ma folie, l’affection que je n’ai jamais cessé de ressentir pour toi, et j’espère que, quelque part, tu me considères encore comme ce que j’étais.
Avec toute ma tendresse,
Ansky Hilaire
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Domond
Belle lettre . Les mots meritent la peine de le dire parceque parfois , la souffrance en amour arrose les fleurs de l’avenir. Bel n travail Hensky.
Domond
Bòn bagay
2 comments