Le détour de Bethie (nom d’emprunt) dans cette ruelle obscure, une immigrante haïtienne vivant à présent à Orlando, est une pierre de touche acérée sur les défis et les déboires que rencontrent de nombreux immigrants dans leur quête d’une vie au-dessus du panier. Bethie a pu entrer aux États-Unis grâce au programme humanitaire Parole, communément appelé « Pwogram Biden » par les Haïtiens, mis en place par l’administration Biden-Harris, Bethie espérait trouver une nouvelle chance de vie aux États-Unis. Cependant, ce rêve s’est transformé d’un seul jet en une lutte pour la survie dans un environnement parfois hostile.

N’en déplaise pas à la situation chaotique que connaît le pays, Bethie ne s’attend pas à lever le siège en un tour de main. Grâce à sa cousine, qui réside aux États-Unis, elle a pu tirer parti du programme humanitaire Parole. Sans prévenir Bethie, sa cousine a préparé tous les documents étuis, allant même jusqu’à créer une adresse électronique pour elle. Ce n’est qu’une fois la demande approuvée que Bethie est informée de l’application. Malgré la précipitation du départ, elle décide de saisir cette opportunité, consciente de l’instabilité grossissante en Haïti. Sa tante, la mère de sa cousine, n’a cessé de lui exhorter de quitter le pays pour sa sécurité, étant donné l’expansion des territoires sous le contrôle des bandits sans aucune opposition des autorités étatiques.

Après avoir rassemblé ses économies, Bethie prend l’avion pour Orlando. Elle rembourse sa cousine pour le billet d’avion dès son arrivée et entreprend les démarches nécessaires pour se procurer une carte de travail. Elle était prête à tout faire pour avoir la main heureuse dans cette nouvelle terre inconnue, convaincue que ses compétences professionnelles acquises en Haïti lui permettraient de subvenir à ses besoins.

Cependant, la réalité du terrain est bien différente. Sa cousine, qui avait pourtant facilité son entrée aux États-Unis, se montre réticente à l’idée que Bethie cherche du travail. Elle lui conseillait d’éviter les emplois trop éloignés ou maniaques, sous prétexte qu’ils sont inaccessibles pour une personne ne maîtrisant pas l’anglais. Mais Bethie, déterminée à ne pas être un fardeau, persévéra et se rendit seule à son rendez-vous pour la carte de travail, malgré le manque d’assistance de sa cousine.

Lorsqu’elle reçoit à la fin sa carte, la situation ne s’améliore guère. Nadine est confrontée à un mur d’apathie de la part de sa cousine et de son entourage. Aucun d’eux ne semblait disposé à l’aider à postuler pour des emplois. Ils invoquent toujours la barrière linguistique et la distance pour couper bras et jambes ses démarches, ce qui commence à semer le doute en elle. Pourtant, Bethie ne se laisse pas abattre et, contre leur avis, elle dépose une candidature qui se solde par une offre d’emploi.

À mesure que Bethie prend son indépendance, les tensions avec sa cousine s’intensifièrent. Celle-ci, autrefois indulgente, devient de plus en plus hostile, reprochant à Bethie ses progrès immédiats. Elle va jusqu’à affirmer que Bethie gagne déjà plus d’argent que son mari, qui a de nombreuses responsabilités. Elle voit en elle une menace, une sorte de rivale saugrenue.

Elle demande à Bethie de lui adjoindre 900 dollars par mois pendant deux ans, car elle a ménagé sa rentrée aux États-Unis dans le programme humanitaire Parole, en plus des 600 dollars déjà qu’elle doit verser pour le logement. Bethie ne comprenait pas cette demande et refusait de payer une telle somme. C’est alors que la mère de sa cousine, sa tante et sœur de sa propre mère, intervient dans l’affaire. Elle appelle en Haïti la mère de Bethie pour lui demander de quitter la maison qu’elle occupe. Cependant, la mère de Bethie, qui avait dépensé plus de 12 000 dollars pour finaliser la construction de cette maison – maison qui appartient à sa sœur vivant aux États-Unis – estime qu’elle devrait être remboursée avant de quitter les lieux.

Le départ de Bethie fut brutal. Un soir, après son travail, Bethie trouve la porte verrouillée, ses affaires encore à l’intérieur. Elle doit insister pour que sa cousine ouvre et la laisse récupérer ses biens. Malgré cela, Bethie est réticente à quitter la maison après y être entrée, car elle vient tout juste de payer les 600 dollars qu’on lui réclamait chaque mois. Face à ce rejet, elle comprend qu’elle ne peut plus rester. Pourtant, même après son départ, sa cousine continue de la harceler, lui envoyant des messages injurieux et la tenant responsable de la situation.

Bethie n’était pas la seule à subir un tel traitement. Deux autres immigrants, ayant eux aussi bénéficié du programme « Parole », furent victimes des mêmes abus de la part de cette personne. L’une d’elles, une jeune femme, fut même renvoyée en Haïti après avoir été littéralement jetée à l’aéroport avec seulement 60 dollars en poche. Une autre victime, un jeune homme, réussit de justesse à éviter l’expulsion en quittant la maison au moment où ils emmenaient la jeune femme de 22 ans.

L’histoire de Bethie illustre les nombreuses difficultés rencontrées par les immigrants qui arrivent aux États-Unis, même avec un statut légal. Derrière l’espoir d’une vie meilleure, ils font souvent face à l’exploitation, la trahison et la solitude. Le soutien familial, supposé être un pilier, peut se transformer en un fardeau supplémentaire lorsque l’intérêt personnel prend le dessus sur la solidarité.

Pour Bethie, comme pour beaucoup d’autres, l’immigration n’a pas été le début d’un rêve américain, mais le début d’un cauchemar où chaque jour est une lutte pour la survie. Son histoire est un appel à la conscience collective, rappelant que l’intégration et le soutien des nouveaux arrivants sont essentiels pour éviter que ces parcours ne se transforment en tragédies assourdis.