Luckenson Jean, vidéaste haïtien, en lice pour le prix Rory Peck

Le journaliste haïtien Luckenson Jean est nominé pour le prestigieux prix Rory Peck 2024, qui récompense les journalistes reporters d’images pigistes. Documentant la spirale de la violence en Haïti, ses images ont attiré l’attention internationale. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 28 novembre à Londres.

L’Agence France-Presse (AFP) a annoncé le lundi 21 octobre 2024 la nomination de Luckenson Jean, vidéaste haïtien, pour le Prix Rory Peck, une distinction renommée qui récompense les journalistes reporters d’images pigistes. Aux côtés de deux autres collaborateurs de l’AFP, Belal al Sabbagh et Youssef Hassouna, Luckenson Jean est salué pour son reportage qui fait mouche sur la crise de violence qui frappe Haïti depuis un certain temps.

Né en 1990 à Jacmel, Luckenson Jean a grandi dans sa ville natale avant de déménager à Port-au-Prince pour poursuivre sa carrière de journaliste. Diplômé du Ciné Institute, une école de cinéma basée à Jacmel, il a d’abord travaillé pour une chaîne de télévision locale avant de devenir journaliste indépendant en 2020. Depuis lors, il a collaboré avec plusieurs organisations internationales, dont l’UNICEF et l’AFP, couvrant principalement des événements d’actualité urgents, en mettant l’accent sur l’impact humain de la violence qui secoue son pays.

Le reportage qui lui vaut cette nomination se compose d’une série de vidéos tournées à Port-au-Prince, qui documentent la montée en puissance des gangs armés depuis février 2024. L’une des séquences les plus touchantes montre un père de famille tué dans des tirs croisés alors qu’il se rendait à son travail. Ces images font le tableau désastreux de la réalité quotidienne des Haïtiens, pris au piège entre la violence des gangs et un gouvernement dépassé par les événements. En plus de filmer des scènes de fuite de citoyens et de violences de rue, Luckenson a obtenu une interview exclusive de Jimmy Cherizier, alias Barbecue, un chef de gang notoire qui menace de renverser le gouvernement en place, raconte le média français dans son article.

Malgré la détérioration des conditions de sécurité, Luckenson Jean a continué à couvrir la situation, parfois au péril de sa vie. Il a été contraint de déménager en raison des violences dans son propre quartier, trouvant refuge chez des amis. Pendant cette période, toujours d’après le média français, il a dû embaucher un motocycliste pour l’accompagner sur les lieux à filmer, tout en jonglant entre des négociations avec les gangs et les autorités locales pour accéder à des informations. Cette réalité rend son travail d’autant plus impressionnant et témoigne de son dévouement à capturer l’impact humain de cette crise sur ses concitoyens.

Pour Luckenson, le journalisme est bien plus qu’un simple métier. Il décrit son travail comme une forme de « thérapie », lui permettant de témoigner du quotidien de son peuple, a cité VOA Kreyòl. Cependant, il confie que la partie la plus difficile est de choisir les personnes qu’il peut interviewer, face à la multitude de voix souhaitant être entendues dans un pays déchiré par la violence.