La pièce « Traversée en transe » de Amy Jean Louis denonce la situation des déplacés

Le vendredi 28 mars dernier, la pièce Traversée en transe d’Amy Jean Louis a captivé plus de 200 spectateurs lors de sa représentation au local de l’Université Publique des Nippes, marquant la célébration du premier anniversaire de Belza, en présence du recteur l’université Yves Voltaire. Pour son premier essai, le jeune dramaturge, également acteur et photographe, s’est attaqué à un sujet brûlant : la détresse des déplacés haïtiens.

Mis en scène par l’auteur avec des touches de Huguens Lorthé, un jeune acteur, le spectacle a plongé le public dans une intense catharsis, durant une heure, où chaque mimique et chaque silence illustraient la charge d’une réalité bouleversante.

À travers trois personnages, le texte donne voix à l’injustice et à la douleur d’un peuple pris dans la tourmente de l’exil. Un premier comédien incarne une âme errante, témoin de massacres passés, refusant l’oubli. Un second offre un regard nostalgique sur une Haïti révolue, contrastant avec le présent marqué par la peur et l’effondrement. Le troisième, figure de l’errance, porte le fardeau du déplacement forcé, illustrant la perte d’identité et de repères. L’ensemble crée un tableau poignant où la mémoire et la révolte s’entremêlent.

Après-midi l’événement, une journaliste du radio Flamax a tenu à féliciter toute l’équipe de BELZA pour avoir présenté cette œuvre au public du département des Nippes, la Traversée en Transe, qui, selon elle, a brillamment abordé les défis sécuritaires du pays à travers une mise en scène poignante et percutante. Elle souligné que les performances des comédiens, Mc Wood Jean Louis, Jacques Jemima et Dorméus Mahatma, avaient offert une  » intense immersion émotionnelle, donnant vie aux réalités du quotidien avec une grande authenticité ». Ce spectacle constituait  » un véritable acte de sensibilisation, marquant les esprits par sa profondeur et son engagement social », a-t-elle conclu.

L’œuvre d’Amy Jean Louis dépasse la simple dénonciation pour interroger les violences subies par les déplacés dans la société et les injustices qui nourrissent l’insécurité. Dans une mise en scène sobre mais puissante, le spectacle expose sans filtre les violences individuelles et collectives subies par les Haïtiens. « Il a su nous présenter en actes et en paroles, tristement, la réalité de notre pays en lambeaux », confie Pierre Ismaël, un étudiant en Sciences de l’éducation, traduisant l’impact émotionnel de ce texte « né d’une idée de dénonciation et le refus d’oubli » par les dires de l’auteur.

Grâce à cette pièce, , Amy Jean Louis s’affirme comme un créateur qui ose briser le silence. Son théâtre devient un espace de résistance où la parole, loin d’être vaine, devient un outil de reconstruction. En offrant une voix aux invisibles, il rappelle que « l’art peut être une arme contre l’oubli et un appel à l’espoir. ».

Un jeune dramaturge prometteur

Amy Jean Louis, jeune comédien et photographe, originaire de Petit-Goâve, s’est lancé avec passion dans le théâtre en intégrant des ateliers de formation qui ont nourri sa sensibilité artistique et affiné son jeu de scène. Très vite, il a commencé à se distinguer en jouant dans plusieurs pièces marquantes du théâtre contemporain haïtien.

Parmi ses prestations , on le retrouve dans « Radmare », une pièce mise en scène par Jasmine Zuma Laverture, issue d’un texte lauréat de la résidence 4 Chemins. Il a également brillé dans « Mò rèd » et « Kavalye pòlka », deux créations mises en scène par Samuel Clermont, cette dernière étant également fondée sur un texte lauréat de la même résidence. Plus récemment, il a participé à « Avilim », une mise en scène de Caleb Shekespeare Délaissant, confirmant son engagement dans un théâtre fait de recherche et de profondeur.

Kerby Vilma