Sérénade poétique : une plongée dans lalittérature et dans l’art en général

“Sérénade poétique”. Voici une activité bimensuelle à Port-au-Prince, qui propose la littérature et les arts comme lieux d’existence ou de résistance possibles.


Portée par “Gerye Jwa”, association qui s’investit dans la formation psycho-sociale des parents et des enseignants pour un meilleur développement des enfants, la Sérénade poétique poursuit sa semaille d’étoiles dans le ciel de la poésie.

Le samedi 26 juillet dernier, pour sa quatrième édition, l’événement a reçu Samuel Orphée, poète modeste, d’un naturel froid, mais dont chaque mot se lit comme une fête, qu’il fait venir sur la page.

Auteur du recueil Mémoire des mers écrasées, le poète a su donner des ailes à l’espace invité d’honneur instauré à Sérénade poétique. Espace invité qui, en plus d’honorer le travail du poète invité à travers des lectures et des mises en scène de ses poèmes, donne lieu à des échanges très intéressants entre lui et le public. Lors de la causerie rituelle animée par Enise Maître et Nadine Pierre, Samuel s’est confié une bonne demi-heure au public, racontant entre autres sa rencontre avec la poésie, son cheminement de poète et surtout les auteurs qui lui ont donné du métier. Parmi les influences de Samuel Orphée donc, on retient James Noël, qui semble avoir eu quelque chose de fondateur dans sa sensibilité… “La rencontre avec la poésie de James était pour moi décisive”, a dit d’ailleurs Orphée.

L’auteur, qui est aussi éditeur chez Self, s’est exprimé sur sa vision de la poésie et a eu l’avantage d’inviter ceux plus jeunes qui choisissent cet art à s’y jeter avec le sérieux et la rigueur qu’il impose.

Samuel a surtout insisté sur la notion de patience. Car pour lui, “il faut être patient pour atteindre l’étage de la parole digne de poésie”. “La parole poétique consiste à s’approcher de la langue dans sa nudité, dans sa vérité profonde”, nous dit effectivement le poète Jacques Dupin. Et pour atteindre cet étage qui a de la carapace, “le travail doit être patient”. Samuel a conclu en critiquant ceux qu’il trouve trop pressés et qui prennent l’écriture de la poésie, avant toute chose, pour un lieu de “starisation”.

Un mot sur Mémoire des mers écrasées de Samuel Orphée

C’est un petit livre de près d’une centaine de pages, aux images belles, riches de sens. Samuel y fait déplier un grand chant. Une parole poétique habile, habitée d’un souffle long et chaud. Ça va de la douceur d’une légèreté au choc de la gravité.

Audacieux comme on n’en trouve pas souvent : dans Mémoire des mers écrasées, l’auteur a su faire marcher ensemble en effet, dans des jeux très subtils, la sensualité portée à un degré très élevé et la dure blessure de l’esclavage.

 

 

Adelson Elias

 

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