Oloffson j’aurais aimé
La beauté est défunte, tout comme l’ombre évanouie d’Oloffson. Adlyne Bonhomme, l’une des voix féminines du Renouveau, exhume des fragments d’une époque révolue qu’elle n’a pas connue. Son poème, tel un chant funèbre, donne mots aux silences, recueille les dépouilles d’un désir sans être vu ou entendu qui est néanmoins gravé dans la poussière du nom d’un lieu qui n’est devenu rien.
En étincelle
ta piste se déchire
Pourtant
j’aurais aimé te connaître
Porter tes nuits d’antan sous ma plume
Aimer ton corps
même dans l’ivresse qui te fût sécrèteTandis que les mots
épaulent ma plume
Mes mains entrent poussières
dans ton silence
Et
n’habitent mon poème
que tes cendres©️ Adlyne Bonhomme
Lecture critique
Quelques lignes ont suffi à Adlyne Bonhomme pour faire de l’effacement une matière vivante dans ce poème qui porte le cri de cet héritage. Oloffson, j’aurais aimé, n’est pas un poème d’appel à comparaître lancé par un magicien de mots dans une forme rituelle littéraire, mais d’obsédité : celui d’un lieu plein de vie, de corps, de nuits maintenant inconnues. L’écriture est modérée, mais déchirante ; elle fait entendre un battement silencieux au fond de la discrétion. Cette poésie ne reconstruit pas l’oubli ; au contraire, elle l’habite.
À propos de l’auteure
Adlyne Bonhomme est une poétesse et nouvelliste haïtienne née à Petit-Goâve. Elle est l’autrice des recueils L’éternité des cathédrales (prix de l’édition de l’année, 2019) et Un chant d’oiseau dans la paume (2024), tous deux salués en Haïti et à l’étranger. Traduites en anglais et en arabe, ses œuvres figurent dans plusieurs anthologies internationales. Elle anime régulièrement des ateliers d’écriture en Haïti, notamment pour l’Institut Français et Nègès Mawon.
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