Ode à Mélissa
En hommage aux victimes de La digue (Petit-Goâve) et à toutes les vies perdues durant le passage de la tempête Mélissa en Haïti et dans les pays avoisinants. Ode à Mélissa est le geste le plus humble que je puisse offrir, pour témoigner mes sympathies aux âmes éprouvées par cette tragédie.
Sous un ciel maussade et sur les pas doux de Mélissa, nos espoirs s’envolent à cœur déployé. Nos rêves se brisent comme des canoës sur le rivage, nos sueurs en crue, voyant nos reflets jonchés sur le sable mouvant. Telle une feuille morte sur l’étang de Miragoâne, perdue dans l’étreinte amère du courant. Hélas ! Abolène est sur nos pas depuis bien des pluies. Elle nous observe, nous chantant une berceuse macabre, en attendant le moment idéal pour bondir à l’horizon.
Nos regards se croisent sur la route de la détresse, et les ruisseaux serpentant nos joues s’unissent pour saluer nos reflets dans leurs odyssées. Si prompts que nos cœurs s’arrachent pour les attraper, mais nos bras sont trop faibles pour tenir la flamme dans leurs creux. La digue nous les a dérobés, toutes et tous, au clair de lune. Au réveil, le verbe fut lourd pour citer les douze pénibles travaux de Mélissa. Face à une telle toile, nul ne peut dompter les lames déchirantes des âmes blessées.
Ode à Mélissa, nos larmes ne te suffisent-elles pas comme offrande ? Que veux-tu d’autre ? D’une terre dévastée par les rancunes, brûlée par l’insouciance, où flotte un palmiste sur un sol désertique et appauvri, où les droits se font violer dans les couloirs du temple de Thémis. Aujourd’hui, les trottoirs nous sont trop grands pour quémander l’intégrité nationale, prise en otage par les petits salons des montagnes noires.Comme des rats dans leurs chambres,on se contente des miettes de leur avarice.
Nos pieds dénudés, nos sueurs exaltées, nos cris d’effroi traînent nos reflets jusqu’aux portes éternelles — qu’ils soient des gouttes d’espoir, et non le pétrole versé pour nourrir des cœurs insensibles.
Wesly SAINTIL, Connu sous le nom d’Intellect’Art, est étudiant finissant en sciences juridiques à l’École de Droit et des Sciences Économiques de Jacmel (EDSEJ). Il est également nouvelliste, et un fervent passionné des lettres et des arts. Par ailleurs, il enseigne l’étude de texte et l’expression écrite, transmettant ainsi sa passion pour la langue et la littérature. Wesly a été également coordonnateur culturel local de la première édition du festival des îles qui marchent et actuel président du comité de Livres en Liberté à Jacmel, où il œuvre pour la promotion de la lecture et de la culture dans sa communauté.
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