LAKAY AN M 4.0

À « LAKAY AN M », je viens de mijoter mon deuxième acte participatif en quatre éditions. Il me faut le chanter avec l’ardeur d’un poème de Georges Castera, ou de tout autre parfum, comme « Flè Dizè », qui s’élève dans la parole de Jean-Claude Martineau — bon diseur. Tout cela, porté par mon extase devant la voix magnétique de Léo Ferré dans « À Saint-Germain-des-Prés ».


Tout compte fait, j’y suis arrivé tard, presque à contrecœur, arraché à la fête de Petit-Goâve (cette ville qui nourrit mon sourire de ses belles fleurs aux visages de femmes, inutile de le nier). Mais il fallait bien que je sois là, puisque quelqu’un m’y avait imposé (je ne vous dirai pas qui, pas la peine de faire des idées). Eh bien, j’ai compris que parfois, les rencontres forcées sont celles qui nous ramènent à la spontanéité.

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Kennyva Mathurin, Zila Seraphin et Jota Monvil à LAKAY AN M 3.0

Il était environ deux heures de l’après-midi, le soleil était là, traversait déjà son zénith. Trop tard pour dire que j’étais ponctuel, et encore trop tard pour trouver une place à l’intérieur pour garer ma voiture. Dehors, à peine descendu, je suis tombé sur une connaissance, une fille qui attendait quelqu’un. Une heure de bavardages futiles a filé, et je dois admettre qu’elle m’a bien piqué. Elle m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit que j’avais l’air d’un petit voyou, du genre qui ne prend pas les filles au sérieux et qui sort avec tout ce qui bouge. J’ai souri, bien sûr (que dire à ça ?). Au fond, je la trouvais belle et élégante. J’aime la voir chanter, lui ai-je dit, et on s’entendait si bien qu’on en avait presque oublié pourquoi on était là. Bref, j’ai dû rentrer : une autre personne m’attendait à l’intérieur, et puis… ce qui s’est passé ensuite n’est pas vraiment ce que je veux dire de LAKAY AN M. (Rires. Gardons ça pour une autre chronique ).

À l’intérieur, j’ai découvert la vie qui dansait la salsa, contrairement aux danseurs latino de ma ville – je ne regrette pas qu’ils me prennent au moins. C’était comme hier, ou comme les étés de mon enfance, j’ai tout aussi retrouvé des visages qui m’étaient familiers, mais que je ne reconnaissais plus. Alors, en bon hypocrite, j’ai fait semblant de m’en souvenir – un exercice difficile, mais efficace pour ne pas paraître prétentieux. Quelques instants plus tard, trois camarades et moi avons dû quitter LAKAY AN M pour assister à une conférence au Centre culturel RASIN LESPWA. Et je dois admettre que le détour en valait la peine : la conférence a été un véritable succès. Entre autres, j’y ai retrouvé une journaliste avec qui j’avais déjà participé à une interview. Le hasard nous a permis de reprendre là où nous nous étions arrêtés, à parler de tout et de rien, mais surtout du féminisme et de ses batailles dans ce milieu.

De retour à l’activité, je me suis laissé happer par l’ambiance. J’ai joué au football – enfin, tenté de jouer. Je me suis même offert le luxe de trébucher et de heurter une dame à qui je présente encore mes excuses ici (qu’elle sache que ce n’était pas un tacle intentionnel). Essoufflé, j’ai cédé ma place à Eder et filé à une partie de basket. Après deux paniers ratés, je suis parti. Et, après, j’ai mangé, j’ai ri, j’ai regardé les enfants jouer, et Jouberthe qui dansaient (Rire). Tout avait un parfum de mémoire, un goût de retrouvailles.

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Marie Jourberthe Sénateur nous propose FLANBE à LAKAY AN M 4.0

Et c’est bien cela, LAKAY AN M. Au-delà des rires, des maladresses et des conversations futiles, il existe une génération qui cherche à se souvenir d’hier, du bon soleil et de sa vie dans le jardin de son enfance, entre plats traditionnels, danses, football, basket, ou même discussions improvisées. J’honore Sem Paraison pour son dévouement, et l’année prochaine, je serai le premier à franchir la barrière de la présence. Vous aussi, je vous invite à la prochaine édition.

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Ansky Hilaire, écrivain haïtien contemporain, explore l'identité et la culture haïtienne à travers ses œuvres littéraires et poétiques. En 2020, il a remporté le prix de Palmes Magazine de l’écrivain de la région. Juriste, journaliste, enseignant et titulaire d'un certificat en Rédaction de propositions de Subventions (ACP) au programme Transcultura de l'UNESCO.

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