La rature du ballet de Stravinski
— Un poème de Ansky Hilaire.
« Je voulais écrire un poème contre toi, et pour l’État. Mais je n’ai pas réussi. Le poème s’est écrit contre vous deux. Le pire, c’est que j’y mêle mon frère-poète Witerwan, Paul Valet et son œuvre d’art, — mon petit frère et maman, dans cette saloperie. » — Ansky Hilaire
— Pour Witerwan,
« et les lilas sont ‘déjà’ morts »,
et Paul Valet qui chantait,
qu’« Être fou qu’à genoux »,
qu’être breaker sur les murs maudits.
Être papillon dans un jardin
qui pousse des roses au bord du suicide,
plutôt qu’orchidée blanche
— qui voit le jour à l’aurore des péchés.Être poète, chœur d’opéra-comique
que je chante à mi-voix,
qu’être le doigt qui écrit l’ode du chaos
dans un pays qui tue le verbe.
Mais qu’il me soit permis
d’ensemencer les ruines d’un chant
— d’algues et du soleil,
de peindre des roses noires sur mes paupières,
de faire de mon poème une guitare
qui réclame nos cadavres
— entre deux frontières.L’État. Et toi.
Petit frère, si tu vois maman,
dis-lui que je marche
nu-pieds sur les braises
des rues d’Enterrements et de Chareron.
Mes pas pleurent, à même l’asphalte,
la rature du ballet de Stravinski
sur mon manuscrit.
— D’autres fois,
mon cœur t’appartient.Ô Sacre ‘du’ printemps.
— Re-viens !
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