Sounds of Little Haiti : l’empereur Jean-Jacques Dessalines dans l’oubli
Entre mémoire défaillante et perte de repères culturels, André Fouad s’interroge sur l’absence de commémoration du Père fondateur de la nation haïtienne dans la diaspora de Floride. Avons-nous encore le sens de l’histoire ? Aimons-nous encore notre Alma Mater, Haïti, cette terre qui nous a vus naître et grandir ? Autant de questions qui me hantent et m’interpellent en ce 17 octobre, jour funeste marquant le deux cent dix-neuvième anniversaire de l’assassinat de l’empereur Jean-Jacques Dessalines par les forces ténébreuses, deux ans seulement après la proclamation de l’indépendance sur la place d’Armes des Gonaïves.
N’eût été l’émission tant prisée « Community Hours » sur WSRF 1580 AM, animée par le talentueux professeur d’histoire Sévère Livincoeur, brillant analyste et Nordiste de son état, cette date si mémorable, si significative dans la mémoire de notre peuple, serait passée inaperçue, comme une lettre à la poste, au sein de la communauté haïtienne du sud de la Floride, préoccupée par d’autres réalités.
Une soirée sans mémoire
Autre fait à signaler et qui me paraît profondément étrange, voire incompréhensible ce même 17 octobre, à Miami, le programme mensuel “Sounds of Little Haiti”, tenu au Complexe culturel de Little Haiti, à proximité du Market Place, présentait à l’affiche le chanteur Alan Cavé, en mode dream machine.
Il a offert au public une prestation en demi-teinte, interprétant quelques-uns de ses succès konpa-zouk tels que Se pa pou dat ou Chocolat.
Pas même une minute de recueillement à la mémoire du père fondateur de la patrie haïtienne !
Amnésie, quand tu nous tiens à la gorge… C’est bien le cas de le dire.
À l’issue de cet événement, qui a rassemblé des centaines de personnes en particulier de jeunes Haïtiano-Américains , je me suis posé la question, une énième fois, dans les rues de Little Haiti, en compagnie de quelques amis nostalgiques du Bicentenaire, de la Côte des Arcadins, du Moulin-sur-Mer… bref, de l’Haïti d’autrefois.
Avons-nous sérieusement perdu nos repères, le sens des dates et de nos prouesses historiques, telles que le 18 mai, le 18 novembre ou le 1er janvier, pour ne citer que celles-là ?
Ne serait-il pas plus sage, plus pertinent, de la part du staff organisationnel et artistique de ce grand rendez-vous socio-culturel, d’organiser un véritable spectacle hommage, mettant en exergue l’apport d’Haïti à la libération de nombreux peuples, notamment ceux d’Amérique latine ?
Je me demande si ces organisateurs n’ont jamais lu des ouvrages de référence comme Les Rebelles de Jean Ziegler, ou le célèbre Cahier d’un retour au pays natal du poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire.
Retrouver nos racines
Avons-nous perdu nos repères, ici et ailleurs ?
À ce sujet, j’estime qu’il est urgent de nous replonger dans nos racines, dans notre culture riche et polysémique, tout en tenant compte des nouvelles réalités technologiques, afin que nous puissions bâtir une nation forte, florissante et représentative, au-delà des barricades de la nuit et des nuages d’automne.
ANDRÉ FOUAD
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