Sept poèmes pour dire l’absence et l’évidement — Florestal le Moine
I
Je t’aime
et te donne tout
seules m’appartiennent mon ombre
et les poussières squattant mon visage
avant ta venue
toi douce pluie d’automne
en nid d’oiseau
II
nid d’oiseau
tes bras m’entourent
m’encercle l’auréole de la paix
tout près
murmure du vent blessé au rasoir des feuilles
legato des sauterelles dans le crépitement
de la nuit en craquelures
au loin
rugissement des loups-garous en rût
tambour enroué des montagnes en éboulement
je ne crains rien
et dormir est preuve d’amour
III
j’ai tissé les jours de ton départ
longue corde qui nous sépare
du dernier baiser que l’on se donne
comme un jet de crachat jeté au pas de la porte
les soleils qui se suivent nous tarissent
les chiens ont mangé nos caresses
au dernier carême
ce qu’il reste de nous
n’est ni pour la bourse ni pour la poche
une goutte de sang au fond du cœur
cruche trouée sans pouvoir d’évidement
IV
souvenir
trace de pas des choses qui s’en vont
au fond de la bouteille
quelque chose sommeille
longtemps après que le vin s’en est parti
ta salive fait tache de naissance sur mon front
là où ton baiser s’est désséché
tache de café sur la page blanche
V
le soleil cligne la paupière
boutures de lumières
le jour se rétracte en coupure d’instants
tu es partie
déréglée l’horloge de la vie ne sonne que mauvaise heure
et l’armoire encore remplie de ton odeur
est un puits de larmes
je l’ouvre
nostalgie
s’évadent tous les bonheurs de mon passé
périssent toutes les fleurs rouges
sur ta petite robe blanche
VI
noix cassée
valise défaite après le voyage
et l’homme vidé de ses tripes est une cave vide
parti tout ce qui fut en moi
les décombres qui me tenaient debout
une cloche sans marteau
je ne suis rien
qu’un bocal renversé rempli de silence
je mange le monde
sein après sein
nul ne sait combler ma faim
pas même la somme des sirènes
personne n’est aussi vaste que la mer
VII
orange le rond jaune dans tes mains
de toutes les côtés
épluche-moi
de mon surplus de chair
mon poids de plomb
mon trop de moi
et tire de mon zeste
l’huile de ma nudité
parfum de terre contre l’oubli
©️Florestal le Moine
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