À l’occasion de la 79e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le 26 septembre 2024, Son Excellence Edgard Leblanc Fils, président du Conseil présidentiel de transition (CPT) de la République d’Haïti, a prononcé un vibrant discours. Soulignant les défis de sécurité et d’humanité auxquels le pays est confronté, il a appelé la communauté internationale à coopérer davantage, tout en appelant à des réparations pour les injustices historiques subies par Haïti, y compris la rançon payée à la France en 1825 par le gouvernement Boyer.
Devant un parterre de dirigeants mondiaux réunis pour la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies, à New York, Edgard Leblanc Fils, président du Conseil présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti, a pris la parole pour une intervention qui fait vive impression. Son discours, axé sur les multiples crises que traverse le pays, a mis en exergue l’urgence d’une réponse internationale face à une situation nationale critique.
Tout au début de son allocution, Leblanc a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour sortir Haïti de l’impasse actuelle. Il a salué le soutien déjà apporté par les Nations Unies et les pays contributeurs, notamment le Kenya, leader de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MSS). Cette force, autorisée par le Conseil de Sécurité, a pour mission de rétablir la paix dans une nation gangrénée par la violence des gangs et l’instabilité politique. Leblanc a remercié la communauté internationale tout en rappelant que cette mission, bien que salutaire, doit être transformée en une véritable opération de maintien de la paix sous mandat onusien pour garantir un soutien durable.
Le président du CPT n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a abordé la crise sécuritaire qui paralyse le pays. Selon lui, la montée en puissance des gangs armés, notamment dans la région de Port-au-Prince, représente une menace existentielle pour la nation. La situation est d’autant plus inquiétante que 50 % des membres de ces gangs sont des enfants et adolescents, souvent exploités comme « chair à canon » dans des opérations violentes. Ces abus, considérés par Leblanc comme des crimes contre l’humanité, ont renforcé l’urgence d’une réponse ferme et globale pour rétablir la sécurité nationale.
L’un des moments les plus forts du discours fut l’évocation de l’histoire douloureuse du pays. Leblanc a rappelé l’injustice infligée à la première République noire du monde lorsqu’en 1825, la jeune nation fut contrainte de payer une rançon exorbitante à la France pour que son indépendance soit reconnue. Ce fardeau économique, qualifié de « pénalité injuste », a plongé Haïti dans un cycle de pauvreté dont le pays peine toujours à se relever.
Dans son plaidoyer, le président a appelé à la reconnaissance de cette dette historique et à la mise en œuvre de mécanismes de réparation. Haïti, a-t-il souligné, ne cherche pas de charité mais la justice. Il a également rappelé le travail du Comité National de Restitution et de Réparation, en collaboration avec la Commission des Réparations de la CARICOM, pour obtenir réparation de ce fardeau économique imposé par les puissances coloniales.
Tout en réaffirmant son espoir en la solidarité internationale, Leblanc a tenu à rappeler que l’histoire des interventions onusiennes en Haïti n’a pas toujours été sans tâche. La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), notamment, a laissé des cicatrices profondes, avec des accusations d’abus sexuels non résolues et des violations des droits humains. Pour éviter que ces erreurs ne se reproduisent, il a plaidé pour une refonte des futures missions, basées sur la transparence et la justice.
Presqu’à la fin de son discours, Leblanc a réitéré son message clé : Haïti aspire à un avenir où justice, dignité et paix règneront. Disant encore au thème de l’Assemblée Générale, « Ne laisser personne de côté », il a rappelé que le pays se tient comme un symbole historique de liberté et de justice, mais qu’elle a besoin d’un soutien concret pour sortir de la crise actuelle.
« Haïti ne cherche pas la charité, mais la justice », a-t-il martelé, appelant les nations du monde à s’unir pour reconstruire un avenir où aucune nation ne sera abandonnée.
Le discours d’Edgard Leblanc Fils est non seulement un cri d’alarme face aux crises immédiates qui secouent Haïti, mais aussi un appel à une justice globale pour une nation marquée par les séquelles du colonialisme. En évoquant les crimes contre l’humanité, les défaillances passées des missions internationales, et les injustices historiques, il offre à la communauté internationale une feuille de route claire : celle d’une coopération multilatérale forte, basée sur la dignité et la réparation.
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