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Haïti – MMSS : Où sont passés les policiers kényans ?

Deux mois se sont écoulés depuis l’arrivée des policiers kényans en Haïti, un événement salué comme une étape cruciale dans la lutte contre l’insécurité qui gangrène le pays depuis des années. Pourtant, la situation semble loin de s’améliorer, et beaucoup se demandent aujourd’hui où sont passés ces policiers et quel impact ils ont réellement eu sur le terrain. 


Le 25 juin 2024, un contingent de policiers kényans débarque à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, avec pour mission de soutenir la Police nationale haïtienne (PNH) dans la lutte contre les gangs armés. Cette mission, organisée sous l’égide des Nations unies, est perçue comme une réponse urgente à une crise sécuritaire hors de contrôle. Les gangs contrôlent alors près de 80 % de la capitale, et les autorités haïtiennes, impuissantes face à cette violence, ont appelé à l’aide internationale.

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Le président kényan, William Ruto, avait qualifié cette mission d’ »historique » et d' »urgence mondiale », soulignant l’importance de la solidarité internationale dans un contexte aussi critique. Cependant, malgré l’espoir suscité par cette opération, les premiers signes de dysfonctionnement apparaissent rapidement.

Dès leur arrivée, les policiers kényans font face à des difficultés logistiques et financières. Selon des sources anonymes, près de 400 policiers n’ont toujours pas reçu l’intégralité de leur rémunération pour cette mission, un retard qui sème le doute et la frustration au sein des troupes. Alors que les fonds pour cette mission sont supposément garantis par des contributions internationales, notamment du Canada, des États-Unis et de la France, ces promesses de financement ne se traduisent pas immédiatement en réalité sur le terrain.

Ces retards de paiement, combinés à l’éloignement de leur famille et aux risques accrus de cette mission, ont commencé à éroder le moral des troupes. Cette situation met en lumière les défis logistiques et organisationnels auxquels sont confrontées les opérations internationales dans des contextes aussi tendus que celui d’Haïti.

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Alors que la mission kényane devait représenter un tournant dans la lutte contre l’insécurité en Haïti, les résultats sont pour l’instant décevants. Deux mois après leur déploiement, les policiers kényans restent largement invisibles sur le terrain, et leur impact est difficilement mesurable. Aucun chef de gang majeur n’a été arrêté, aucun territoire significatif n’a été repris, et les zones contrôlées par les gangs demeurent impraticables.

Les commissariats continuent d’être la cible d’attaques violentes, et les routes nationales sont encore sous l’emprise des groupes armés, empêchant toute circulation sécurisée. Le quotidien des habitants de Port-au-Prince, loin de s’améliorer, semble empirer. Dans certains quartiers, la présence policière est tellement faible que les habitants se demandent si les forces kenyanes sont vraiment là.

Les zones critiques comme Gressier sont devenues presque inaccessibles, que ce soit par route montagneuse ou par mer, en raison de la violence des gangs qui s’est intensifiée. Les activités économiques sont paralysées, et la crise humanitaire continue de s’aggraver. Cette réalité contraste fortement avec les promesses initiales d’une mission capable de rétablir l’ordre en Haïti.

Au sein de la population haïtienne, la désillusion grandit. Après avoir espéré que l’arrivée des forces kényanes apporterait un peu de répit, les Haïtiens sont confrontés à une réalité bien différente. « Après leur départ, les mêmes choses vont se reproduire », affirme un résident de Port-au-Prince, déçu et méfiant. « La véritable solution ne viendra pas des étrangers. Ce n’est pas à eux de venir résoudre quoi que ce soit. »

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Les souvenirs des précédentes interventions étrangères, souvent infructueuses, restent vifs dans l’esprit de nombreux Haïtiens. La MINUSTAH, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, qui a duré douze ans, est souvent citée comme un échec retentissant, avec des conséquences néfastes à long terme. Le spectre de ces interventions passées plane sur la mission kenyane, renforçant le scepticisme ambiant.

Alors que les policiers kényans tentent tant bien que mal de remplir leur mission, la question de leur avenir en Haïti se pose avec acuité. Les retards dans les paiements, combinés à l’absence de résultats tangibles, risquent de compromettre la motivation des troupes. Les autorités haïtiennes, quant à elles, sont confrontées à un défi monumental : comment restaurer la sécurité dans un pays où l’État semble avoir perdu tout contrôle ?

La mission kenyane, initialement conçue pour durer un an, devra peut-être être repensée si elle veut avoir une chance de réussir. Une chose est claire : sans une stratégie plus cohérente et des moyens adéquats, cette mission risque de devenir une autre tentative avortée de stabiliser Haïti

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